Entretien croisé avec Vaïté Leprince-Ringuet (Entourage) et Alice de Ronne (Solinum) – Juin 2023

<aside> 📎 Pour lancer cette série d’articles, on a voulu commencer par le commencement. En bref, pourquoi fait-on du numérique ?

Pour quelle vision, pour quelle mission, pour quel impact ? Car s’il y a bien une chose qu’on ne discute pas dans l’ESS, c’est que ce sont la mission et la finalité qui doivent guider l’ensemble de nos actions.

On est allé en parler avec Vaïté Leprince-Ringuet, responsable produit et relation clients chez Entourage, et Alice de Ronne, responsable innovation chez Solinum – deux acteurs à la croisée du numérique et de la solidarité.

Ce qu’on en a retenu, c’est surtout qu’à leurs yeux, le numérique ne peut pas exister sans une bonne dose d’humain ! C’est peut-être ça, l’inspiration à en tirer : acteurs et actrices de la tech, remettons l’humain au cœur de nos produits.

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Pourriez-vous me présenter vos structures respectives et votre rôle ?

Vaïté : ****Entourage, c'est une association créée en 2015 qui vise à mettre la tech au service du lien social et de la remise en réseau des personnes exclues. Elle vise particulièrement à outiller les inclus pour leur permettre d’aller à la rencontre des exclus et être eux-mêmes transformés par la rencontre.

On a deux piliers d'activité : l'inclusion sociale, avec la communauté et l'app Entourage, qui combinent terrain et numérique, et qui permettent à chacun de trouver des groupes de voisins qui mélangent inclus et exclus, des activités, des événements, des contenus de sensibilisation, etc., pour aider à aller à la rencontre des personnes qui sont un peu différentes de nous. D'autre part, on a lancé en 2019 le volet inclusion professionnelle avec la plateforme et le programme LinkedOut, qui visent la remise en réseau des personnes exclues du marché de l'emploi.

Vaïté Leprince-Ringuet, responsable produit et relation clients chez Entourage

Vaïté Leprince-Ringuet, responsable produit et relation clients chez Entourage

Alice de Ronne, responsable innovation chez Solinum

Alice de Ronne, responsable innovation chez Solinum

Alice : Solinum est une association qui existe depuis 2016. Ça veut dire “solidarité numérique”, et ça naît du fait que c’est très compliqué d'orienter les personnes vers les services adaptés aux besoins. Avec le Soliguide, on référence toutes les structures de l'action sociale : urgence sociale, alimentation, accès aux soins, accès aux droits, conseils administratifs, insertion professionnelle, aide à la mobilité, etc. On a aujourd'hui 30 départements couverts, plus de 65 000 services référencés, et 1 800 000 recherches en 2022. En 2024, on va couvrir toute la France, avec un focus sur l'aide alimentaire.

On s'adresse à tous les publics. Dans un premier temps, les publics qui ont affaire au Soliguide sont les publics en situation de très grande précarité et d'exclusion. Ça peut être des familles au RSA qui auraient des besoins complémentaires dans le mois, des personnes LGBT qui sont virées de chez elles le matin et qui ont besoin de trouver quelque chose en urgence, etc. Aujourd'hui on a une cartographie pleine de l'action sociale et de la solidarité en France. Grâce aux données, on sait aussi dire quelle zone n'est pas couverte, où sont les services les plus demandés. D’ailleurs, on échange nos données avec Entourage puisqu’on a un partage d’API avec tous les autres outils qui font aussi du lien social.

Comment le monde de la solidarité a su se saisir du numérique pour venir en complément des actions terrains déjà menées ? Autrement dit, qu’est-ce que le numérique a permis de faire en plus, ou autrement, dans vos structures ?

On utilise le numérique pour être plus efficients dans notre façon de faire et plus accessibles.

Alice : ****Chez Solinum, ça répond clairement au besoin d'être efficace. On utilise le numérique pour être plus rapide, plus efficients dans notre façon de faire et plus accessibles. Aujourd'hui, notre plateforme est traduite en plus de huit langues, accessible via des chats où on peut communiquer avec nous, via WhatsApp et via SMS. Elle se traduit aussi sous format papier : les acteurs peuvent ressortir des données et les imprimer pour les distribuer.

Maintenant, on a toujours un humain derrière la plateforme. Sur chaque département, on a une personne qui se charge de faire le lien avec les acteurs, de les rencontrer, de les enregistrer sur la plateforme, de les former à l'utilisation de l’outil. C'est le numérique, mais jamais sans humain non plus.