Entretien avec Louis Pénisson (La Caserne Bascule) & découverte de SCANI – Juin 2023
<aside> 📎 Les logiques de mutualisation sont souvent au cœur du développement des outils numériques – notamment open-source, mais pas seulement.
Dans l’ESS aussi, mutualiser des biens et des ressources dans une optique d’entraide et de sobriété, c’est une habitude bien ancrée. Et si cette démarche de mutualisation pouvait aller encore plus loin dans le numérique ?
C’est le sens de notre échange avec Louis Pénisson, co-fondateur du tiers-lieux La Caserne Bascule, et utilisateur de la coopérative SCANI, un fournisseur d’accès à internet local et alternatif.
Qu’il s’agisse de mutualisation à l’échelle d’un bâtiment, d’une ville, d’un territoire ; pour du foncier, de la mobilité ou du numérique ; une évidence revient : pour réussir, il faut expérimenter, et beaucoup communiquer. Et puis, si on mutualise, c’est pour réduire notre consommation, mais surtout pour le plaisir de partager des choses dans un rapport autre que commercial : dans l’ESS comme dans le numérique, c’est vital !
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Louis Pénisson, cofondateur de La Caserne Bascule
Je m’appelle Louis Pénisson, j’ai 33 ans, j’aime bien me définir comme un explorateur, tester de nouveaux chemins et lancer des projets. J'ai fait des études de communication et j'ai travaillé pendant six ans pour une start up digitale. Ces dernières années, j'ai pas mal voyagé en vélo et c'est là que j'ai eu un déclic et l’envie de passer à l’action sur les enjeux climatiques et de société. J’ai vu plusieurs choses qui m’ont amené à cofonder la Caserne Bascule.
Alors, ça, c’est beaucoup plus difficile à définir ! Une des grandes idées, c’est de vivre dès maintenant le futur de demain, qu’on souhaite joyeux, respectueux des limites planétaires et solidaire, dans l’entraide et la coopération**.** Pour ça, notre objectif est de soutenir conjointement des individus et des collectifs. On le fait à travers trois axes. Le premier, c’est un lieu, qui se situe à Joigny (Yonne) : un bâtiment qui fait 1 500 mètres carrés, où habitent une quinzaine de personnes et qui permet l’accueil de collectifs ou d’individus.
Le deuxième, c’est la communauté : à travers le lieu, on va permettre aux personnes de se rencontrer, d’apprendre, d’évoluer, en proposant des activités. Aujourd’hui, on a à peu près 2 000 adhérents. Le troisième, c’est de contribuer à la dynamique du territoire, dans sa résilience et dans son vivre ensemble. Ça peut passer par des actions de sensibilisation dans les écoles, l’organisation d’un festival…
Une des grandes idées, c’est de vivre dès maintenant le futur de demain, qu’on souhaite joyeux, respectueux des limites planétaires et solidaire, dans l’entraide et la coopération.
Ça ne me gêne pas d’être considérés comme un tiers-lieu, mais je ne l’emploie pas. Pour moi, dans la notion de tiers-lieu, il y a aussi une notion d’accueil inconditionnel, avec des horaires d’ouverture, et d’ouverture très grande au public. Aujourd’hui, on fait des actions en lien avec le public et le territoire, mais je ne considère pas qu’on est un tel lieu d’accueil.
Dans la définition [de tiers-lieu] de l’État, il y a aussi l’hybridation des activités : nous l'avons avec l'accueil et une programmation proposée par nos adhérents et adhérentes qui mêle des formations (facilitation graphique, coopération), des cours comme du yoga, de l’impro, des ateliers de sensibilisation et des apéros de rencontre. Tout cela évolue en permanence.
Après, il y a l’idée d’avoir un impact [sur son territoire], ou en tout cas de faire des actions avec son territoire ; ça, on est là-dessus ! Par exemple, il y a un aspect qui n’est pas dans la raison d'être mais qui est un effet indirect quand même important : avec la Caserne Bascule, des gens viennent s'installer dans la ville de Joigny pour contribuer à la dynamique associative et lancer des projets.